Le cinéma asiatique nous a laissé de nombreux souvenirs cinéphiles de bordels, de maisons closes et d’hôtesses de bar, quels qu’aient pu être les motifs de ces films nombreux, essentiels, de Kenji Mizoguchi à Stanley Kwan. Les Fleurs de Shanghai pourrait être vu comme leur point de rassemblement. Entre deux films sur la jeunesse taïwanaise, Goodbye South, Goodbye et Millennium Mambo, à la veille de sauter dans le nouveau millénaire, Hou Hsiao-hsien faisait à coups de longs plans-séquences et de bouffées d’opium un nouvel accroc dans le tissu du temps, s’enfonçant dans la Chine de la fin du XIXe siècle jusqu’à l’univers clos, reclus, de ces maisons où des hommes, se faisant concurrence dans la sphère intime des sentiments, échappaient à leur mariage de convention, pour toucher au cœur les plus belles femmes de Shanghai. JB